Louise Brooks
Louise Brooks possédait toutes les essentiels de l’ère du film muet en ce qui concernait la mode : des chapeaux cloches, des turbans de soie, des fourrures, des perles et d’innombrables robes taille basse. Elle portait du kohl barbouillé autour de ses yeux, et du rouge à lèvre minutieusement appliqué et exagérant le « V » de la lèvre supérieure. Elle faisait usage de ces ingrédients du succès, comme bien des vamps et des enfants du jazz dans les années folles. Cependant, son iconique carré – noir de jais avec une frange épaisse, taillé en angles précis sous ses sublimes pommettes – la démarquait des autres nymphes du cinéma muet. L’historien du cinéma Henri Langlois dégrète : « Il n’y a pas de Garbo, il n’y a pas de Dietrich, il n’y a que Louise Brooks ».
Sa coupe de cheveux aiguisée comme une lame de rasoir fut répliquée à de nombreuses reprises, vue sur des stars comme Selma Blair, Natalie Portman, Coco Rocha et Rooney Mara. Même Zoey Deschanel, avec sa longue chevelure parfaitement enviable, rêve d’un carré graphique à la Louise Brooks.
La star naquit le 14 novembre 1906 au Kansas, sous le nom de Mary Louise Brooks. Elle débuta sa carrière en tant que danseuse, travaillant avec une compagnie de danse moderne, avant de devenir choriste dans la comédie musicale George White’s Scandals; puis elle devint une danseuse principale pendant la tournée de 1925 de Ziegfeld Follies. Son temps passé à Broadway lui attira l’attention de Paramount Pictures, dont elle obtint un contrat. À cette époque elle eut aussi une romance estivale avec Charlie Chaplin.
Brooks fit ses débuts au cinéma dans L’École des Mendiants (1925), et gagna en notoriété après avoir joué une vamp dans Une Fille Dans Chaque Port (1928). Ses rôles les plus célèbres sont dans des films européens : Loulou (1929), Le Journal d’une Fille Perdue (1929) et Prix de Beauté (1930). Ses films étaient souvent censurés à cause de leur contenu adulte, subversif et du portrait qu’ils faisaient de la sexualité. Dans la vie de tous les jours, Brooks était très extravertie et ouverte concernant sa propre sexualité. Elle parlait librement, et sa vie privée et ses relations n’étaient pas cachés au médias. Elle fut mariée à deux reprises, à Eddie Sutherland en 1926 et Deering Davis en 1933. Ses mémoires, Lulu in Hollywood, furent publiées en 1982. Bien que sa carrière puisse être considérée courte, Brooks parvint à laisser sa marque au fer rouge. L’actrice joua dans 17 films, et ne fit jamais le bond vers les films parlant, malgré la pression des studios. Hollywood a peut-être douté de sa décision de prendre sa retraite du cinéma, mais son caractère rebèle lui vaudrait plus tard sa place parmi les légendes du cinéma muet.